La transition énergétique en Belgique pose un défi de plus en plus important : comment assurer une parfaite adéquation entre l’offre et la demande d’électricité ? Les énergies renouvelables sont excellentes, mais l’énergie solaire et l’énergie éolienne ne sont pas constantes. Cela signifie que nous avons des excédents aux heures de pointe et des pénuries à d’autres moments.
Aujourd’hui, de grands projets d’infrastructure et des mécanismes de flexibilité coûteux sont principalement envisagés pour résoudre ce problème. Mais il existe une solution beaucoup plus intelligente, plus rapide et moins chère que nous ignorons presque totalement : la voiture électrique.
Quelle est la flexibilité réelle des voitures électriques ?
La Belgique compte aujourd’hui plus de 300 000 voitures électriques, et ce nombre augmente rapidement. Ce que beaucoup ignorent, c’est que les véhicules électriques peuvent parfaitement servir de solutions d’équilibrage du réseau.
- Environ 300 000 voitures électriques peuvent fournir ensemble 300 mégawatts de flexibilité interruptible en continu. Cela signifie qu’ensemble, elles peuvent couper ou injecter autant d’énergie qu’une centrale électrique au gaz.
- Nous pouvons charger l’ensemble du parc de voitures électriques sur la base des prix Belpex, de sorte qu’elles soient chargées aux moments où le prix est le plus bas ou lorsque l’offre d’électricité est excédentaire, ce qui est bénéfique pour l’équilibrage. Si ce potentiel est pleinement exploité, nous pourrons répondre à une grande partie des besoins d’équilibrage de notre réseau sans travaux d’infrastructure coûteux.
- La décharge bidirectionnelle crée une énorme batterie virtuelle qui stocke l’énergie pendant les heures creuses et la décharge pendant les heures pleines.
Chargement bidirectionnel : le géant endormi de notre réseau électrique
Aujourd’hui, de nombreuses voitures électriques sont déjà capables d’effectuer une charge bidirectionnelle (V2G ou Vehicle-to-Grid). Cela signifie qu’elles peuvent non seulement tirer de l’énergie, mais aussi la réinjecter dans le réseau en cas de besoin. La technologie existe déjà, mais nous ne l’utilisons pas.
Quelles sont les voitures qui peuvent déjà le faire ?
- Nissan Leaf et e-NV200 – compatibles avec la recharge bidirectionnelle depuis des années.
- Hyundai Ioniq 5 et 6, Kia EV6 et EV9- supportent le véhicule à la charge (V2L) et bientôt peut-être le V2G.
- Modèles Volkswagen ID. – techniquement prêts, mais en attente d’activation par le biais de mises à jour logicielles.
- Tesla (peut-être à l’avenir) – Tesla teste déjà la recharge bidirectionnelle et pourrait bientôt activer cette fonction.
- BMW Neue Klasse
- Polestar 3 et 4 ainsi que Volvo EX90
- BYD, Xpeng et d’autres nouveaux acteurs – de nombreuses marques chinoises misent déjà fortement sur ce marché.
Cela signifie que des milliers de véhicules électriques belges sont prêts à alimenter le réseau dès aujourd’hui. Mais comme il n’existe pas de coopération claire entre le secteur automobile, les opérateurs de réseau et les acteurs de l’infrastructure de recharge, ce potentiel reste largement inexploité.
Pourquoi insistons-nous sur des solutions coûteuses ?
Au lieu de dépenser des milliards dans des infrastructures complexes, nous pouvons investir une fraction de ce budget dans trois actions ciblées :
- Permettre la recharge bidirectionnelle dans les VE existants. Travailler avec les constructeurs automobiles pour permettre cette fonctionnalité par le biais de mises à jour logicielles.
- Investir dans des stations de recharge bidirectionnelles. Cette technologie existe déjà, mais son déploiement tarde à se concrétiser.
- Utiliser un logiciel intelligent pour gérer la flexibilité des VE. Des entreprises belges telles que STROOHM ont déjà prouvé que c’était parfaitement possible.
Il ne s’agit pas seulement d’une solution technologique, mais aussi d’une opportunité économique. En continuant à innover en matière d’infrastructure de recharge intelligente, la Belgique peut exporter son expertise dans le monde entier. Cela crée des emplois et fait de notre pays un pôle d’innovation dans la transition énergétique.
Elia prévoit de doubler les tarifs nets, en partie pour acheter une flexibilité coûteuse. C’est absurde, car il existe des alternatives moins chères que nous n’utilisons pas. Si nous déployons les voitures électriques de manière stratégique, nous pouvons réduire les pics de consommation et utiliser l’énergie de manière plus intelligente, sans que les ménages et les entreprises ne soient confrontés à des coûts supplémentaires.
Mon appel est clair :
- Décideurs politiques et opérateurs de réseaux : collaborer avec l’industrie automobile et les installateurs de bornes de recharge pour accélérer l’introduction de la recharge bidirectionnelle.
- Les marques automobiles : Activer la fonctionnalité bidirectionnelle des VE existants et permettre aux utilisateurs d’accéder à cette technologie.
- Entreprises et citoyens : optez pour des solutions de recharge bidirectionnelle et participez à la transition énergétique.
L’avenir de l’équilibrage du réseau ne réside pas dans des infrastructures coûteuses, mais dans nos parkings et nos allées. Nous disposons de la technologie, de la capacité et de l’expertise nécessaires. Le moment est venu de les déployer.
L’avenir est électrique. L’avenir, c’est maintenant.
Bart Massin
PDG STROOHM